Respirez, vous êtes aidés !
A la manière d’un kaléidoscope, la plateforme AIR (Aide à l’intégration et à la réussite) rassemble une myriade de ressources et d’outils dédiés à la réussite étudiante. Exploration avec Morgane Caublot et Alexandra Delaunay, de l’Institut de développement et d’innovation pédagogiques (Idip).
Il faut s’imaginer AIR comme un assemblage de plusieurs « briques », chacune avec sa coloration particulière et formant une construction dynamique. Un espace pensé pour faire souffler l’étudiant : côté réussite, l’Idip s’occupe de tout ! Ou tout du moins, lui facilite grandement la tâche. Morgane Caublot et Alexandra Delaunay, du pôle Réussite étudiante de l’institut, ont imaginé un point d’entrée unique, rassemblant informations et ressources dédiées. A l’origine du projet : un Appel à manifestation d’intérêt (AMI) lancé par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI), en mai 2017.
En ligne depuis peu, le corpus est accessible directement aux étudiants depuis un espace dédié sur Ernest : « Nous avons bénéficié d’un effet d’opportunité, car les deux projets – AIR et Ernest – se sont concrétisés à peu près au même moment », explique Morgane Caublot, ingénieure pédagogique. AIR a bénéficié du soutien technique de Stéphane Salles, de la Direction du numérique (DNum).
Compilation de ressources
Que retrouve-t-on dans cette boîte à outils ? Véritable compilation de ressources, on y consulte d’abord « des ressources déjà existantes, comme la websérie Galères Vikings, produite avec des étudiants pour s’y retrouver dans le dédale des services universitaires. Les cours en ligne produits par le pôle et dédiés aux compétences transversales (améliorer sa concentration, sa prise de notes, gestion du temps, gestion de projet), y sont aussi rassemblées, dans un Moodle », détaille Alexandra Delaunay, chargée de projet. Petite spécificité : MoodleAir est accessible à un public extérieur, donc aux lycéens par exemple. On y trouvera aussi, d’ici peu, « un outil d’autodiagnostic et un Forum d’entraide universitaire (Feu !) », complète Morgane Caublot, eux aussi développés avec le soutien technique de la DNum. Le premier permet d’orienter l’étudiant, à partir de son auto-évaluation, vers les ressources les plus adaptées sur AIR. Le second étant la mise en pratique de l’idée de Théo Wittersheim, étudiant en L2 Math-Info et lauréat du challenge Hacke ta fac 2017. « Son projet, version plus aboutie du Troc de compétences initialement imaginé dans la réponse à l’AMI, est venu naturellement s’inscrire dans AIR », précise Alexandra Delaunay.
« Ernest étant destiné à devenir le principal vecteur d’information des étudiants, on pourra aussi agréger dans AIR tous les événements liés d’une manière ou d’une autre à la réussite – séance de relaxation organisée par le Service de santé universitaire, permanence d’Espace avenir, etc. » Qu’il s’agisse du relais d’articles ou d’outils, Morgane Caublot et Alexandra Delaunay soulignent l’importance du travail de veille mis en place à l’Idip : « Autant être efficace en agrégeant des ressources pédagogiques existantes très bien faites, comme en sont par exemple spécialistes les Québécois. C’est aussi à partir de l’observation du comportement des usagers « que la scénarisation de navigation dans les ressources est affinée, de version en version ». A en juger par les premières statistiques de connexion (800 inscrits au module Gestion du temps, par exemple), le pari est en passe d’être gagné.
Trois leviers
Derrière le projet AIR, doté de 70 000 € sur deux ans : rien de moins que l’amélioration de la réussite étudiante, préoccupation-étendard de la loi ORE de 2018, problématique dont l’université s’est saisie voilà plusieurs années. A travers l’Idip bien sûr, dont le pôle Réussite étudiante ne cesse de s’étoffer depuis 2017 (cinq membres aujourd’hui), mais aussi Espace avenir bien sûr – les connexions entre les deux services sont nombreuses. Et ce n’est pas Alexandra Delaunay, d’abord embauchée par ce dernier sur une mission de réussite étudiante, en 2014, qui dira le contraire.
Pour cela, trois leviers ont été identifiés, sur lesquels s’appuie forcément AIR (en particulier les deux premiers) : découvrir et s’intégrer à l’environnement universitaire ; apprendre et travailler plus efficacement ; se professionnaliser. « Sur le deuxième axe, de nouvelles ressources pédagogiques vont être développées et hébergées sur MoodleAir. » A suivre...
Elsa Collobert
Bon à savoir
Un nouveau métier dédié à la réussite
« J’exerce un métier qui n’existe certainement dans aucune autre université française ! » sourit Carine Jeangeorge, avec une bonne humeur dont elle semble ne jamais se départir.C’est par le plus grand des hasards - qui fait parfois bien les choses - qu’elle tombe sur l’offre d’emploi de conseiller.e à la réussite de l’Université de Strasbourg, alors qu’elle vient tout juste de rentrer des États-Unis…. Elle y a exercé ce métier pendant quatre ans, après y avoir achevé son cursus dans le supérieur. « Là-bas, c’est une activité très courante. Pour une université de 20 000 étudiants, nous étions 50 conseillers à la réussite (Academic Student Counselor).
Un nouveau métier que l’équipe de l’Idip, dans sa quête permanente d’innovations pour favoriser la réussite étudiante, est allée chercher outre-Atlantique. « Je suis agréablement surprise de voir que le système éducatif français a la volonté d’adapter sa pédagogie à son public divers, et non l’inverse. Bien sûr, il y a encore beaucoup à faire, mais la volonté est là. »
« Adopter un point de vue holistique » : c’est un principe-phare pour Carine Jeangeorge. « Il faut explorer avec l’étudiant toutes les raisons qui peuvent freiner sa réussite : santé, moyens de transport, emploi, parentalité… Parfois, on leur donne des conseils de bon sens, qui n’ont rien à voir avec les études, comme d'avoir une hygiène de vie saine. » Une réussite qui passe aussi par une bonne gestion du temps et une intégration à la vie du campus, que Carine peut provoquer par ses conseils avisés. Des petits « tips », comme les appelle l’anglophone.
Dans cette mission qu’elle a débuté le 1er juillet, l’expérience américaine de Carine Jeangeorge lui est profitable à plus d’un titre, de même que sa formation en psychologie. « Je peux me retrouver face à des situations de détresse. Je propose de petits exercices de relaxation et de gestion du stress. Mais n’étant embauchée ni comme thérapeute, ni comme conseillère d’orientation, à un moment, il faut que je passe la main. » Les structures dédiées – Espace avenir, Camus, santé universitaire… – prennent alors le relais. Pour favoriser la connaissance mutuelle, Carine s’attelle actuellement à toutes les rencontrer.
Au Service de la vie universitaire (43 rue Goethe), elle reçoit déjà les étudiants sur rendez-vous les mercredis toute la journée et vendredis après-midi, à Espace avenir les vendredis matins. « J’ai pour l’instant rencontré essentiellement des étudiants nouveaux entrants et internationaux, qui se sentent livrés à eux-mêmes. » Prochain challenge : « Faire adhérer à la démarche les étudiants français, dont ce n’est pas forcément dans la culture. Mais je sais que le besoin est là. » En attendant, le projet Include*, dans lequel le poste de Carine Jeangeorge s’inscrit, prévoit de lui adjoindre prochainement un ou une collègue.
* Labellisé Programme d'investissements d'avenir (PIA) 3